Moi et les… toilettes

Toujours aussi séduisante Nicole.

Elle est sérieuse là ? Elle va VRAIMENT nous écrire un article sur les chiottes ? Et ouais les gars. Parce que je suis une fille. Et parce que c’est un tabou qui fait – sérieusement – des ravages. Alors oui, vous lecteurs mecs qui balancez des blagues scato depuis que vous avez l’âge de parler, ça vous dépasse. Vous avez été nourri au South Park, aux blagues « tire sur mon doigt » et aux concours de pets. Mais pour celles qui ont grandi sous le joug du « sois sexy, glamour, délicate et ne mentionne jamais que ton corps peut produire des choses qui ne sentent pas la rose » ben c’est pas la même.

Une fille, des toilettes : ce tabou tenace
Pour beaucoup de femmes, le degré de confort dans une relation se mesure à l’usage qu’elles font des toilettes de monsieur. Pour faire simple, faire popo chez l’homme symbolise le point d’accomplissement d’une relation, la preuve ultime qu’on se sent en totale confiance avec son partenaire, bien dans sa tête, bien dans son corps. L’autre jour, une amie me parlait justement (devant son mec rencontré 3 mois auparavant) du soulagement que ça avait été le jour où elle a levé ce tabou avec lui (elle a une maladie digestive). En ce qui me concerne, même si j’ai un gros blocage psychologique avec ça, je me souviens avec émotion de la manière dont mon ex, sexy mais aussi très nature, avait de décomplexer la chose en me balançant des « Noooonn chérie, va pas dans les toilettes maintenant, je crois que j’ai un problème : je suis pourri de l’intérieur ». Grossier et vulgaire ? Décomplexifiant surtout. Bien sûr, en 2018, jamais au grand jamais, Hollywood ne nous montrera Scarlett Johansson parler de sa victoire fécale autour d’un mojito avec ses copines. Etrangement, la série Sex and the City abordait justement le sujet tel quel en… 1999. Et Carrie de confier à Miranda, Charlotte et Samantha, sa petite victoire en sirotant un cosmo.

Saison 2 épisode 11 – « Je crois que c’est bon signe, je me sens assez à l’aise chez lui pour faire la grosse commission »

L’angoisse n°1 : quand je suis chez un mec
Perso, la seule et unique chose à laquelle je fais attention quand le mec me fait visiter son palace, c’est les toilettes. Il pourrait bien vivre sous l’escalier à la manière d’Harry Potter que j’en aurai rien à secouer. Je veux savoir : quelle taille elles font, où elles sont situées par rapport à la chambre et aux pièces de vie, si elles sont propres et si elles sont intégrées à la salle de bain (plus facile de noyer le poisson, on peut se brosser les dents, se remaquiller toussa toussa). Bref, autant dire que quand je fais le tour du propriétaire, je me transforme en inspecteur des impôts version porcelaine.

Mon angoisse quand il me fait visiter chez lui

L’angoisse n°2 : il a des toilettes séparées, minuscules, et mal placées dans l’appartement
Tu sais ces toilettes qui ressemblent plus à un placard avec un trou ? Celles où une fois à l’intérieur tu as le visage à 10 centimètres du mur d’en face ? Ah, cette merveille sensation d’oppression, ce délectable sentiment d’être emmurée vivante. Tu es là, assise, concentrée, incapable de te détendre à cause de cette claustrophobie qui t’assaille. Du coup, rien ne sort. Et pourtant ma grande, va falloir y aller, car le mec dans la pièce à côté a mis exprès « pause » sur VLC. Rien que pour toi. Ce qui fait que non seulement il n’a pas toute la soirée, mais qu’en plus le silence règne dans l’appart. T’as pas intérêt à te rater. Vite, penser à quelque chose de déstressant. Genre un ruisseau, une fontaine, la Seine, les putains de chutes du Niagara, n’importe quoi. Aaaah voilà… STOP. Arg, c’est quoi cette résonance ? Angle d’attaque à reconsidérer. Mon dieu, c’est sûr, il a entendu ce clapotement aquatique. Ok du calme, rapproche ton bassin du bord sans en foutre partout. Ça coulera sans bruit.

Il va m’entendre je le sais !

L’angoisse n°3 : les toilettes sont presque dans la chambre
Le pire du pire. Le cauchemar absolu. Car non seulement le Médecin a les toilettes citées plus haut, mais en plus elles sont pour ainsi dire dans la chambre. EN FACE DU LIT (je vous jure). Ce qui occulte totalement l’idée d’un levé nocturne. Pourquoi ? Parce que le silence serait absolu. Parce que l’autre se réveillera obligatoirement et profitera non seulement du bruit, mais aussi de la lumière en dessous la porte. Résultat, quand l’heure approche d’aller sagement se coucher, j’élabore un plan mental de la situation. Option n°1 : on est partis pour faire l’amour. Auquel cas, après qu’il reste au lit. Je peux donc faire pipi sous la douche (oh ça va, on l’a tous fait !). Option n°2 : on va faire dodo bientôt. Il faut que m’éclipse pendant le film sans lui demander de mettre pause. Dans tous les cas, je prête une attention trèèès particulière à ne pas trop boire dans la soirée car m’éclipser me gêne toujours énormément.

Quand j’ai pas bu de l’après-midi exprès

L’angoisse n°4 : quand on mange ensemble
J’avais une copine qui me disait qu’elle allait jamais au resto avec un mec car elle avait peur d’avoir envie de faire popo après. D’ailleurs, quand j’habitais avec elle et qu’un de ses mecs venait, elle me demandait de mettre la télé pendant son action décisive dans les waters. En ce qui me concerne, j’adore les restos, donc hors de question de me priver. En revanche, je fais attention à ne pas me goinfrer si je dors avec le garçon. De même, quand je cuisine, je limite les aliments à risque (autant dire que je fais l’impasse sur la choucoutre, vous m’aurez COMPRISE). Si c’est pour passer la soirée en mode grossesse de 4 mois, merci bien. Surtout que moi, j’ai beaucoup de chance la-dessus. En effet, quand je dors, mon corps, ce sale gosse impertinent, en profite pour jouer la macarena et faire ce que bon lui chante sans me consulter avant. Ce qui, selon l’humeur, veut aussi bien dire me faire parler dans mon sommeil, donner des coups à mon compagnon de literie, ou encore laisser filer une flatulence, oklm. Autant dire qu’à chaque fois que je dors avec mon mec, je suis impatiente de connaître la surprise du chef. 

C’est fini. Plus jamais il ne me verra en nana sexy bouhouhou

L’angoisse n°5 : le mystère masculin
A chaque fois que je suis sortie avec un mec, sa capacité à gerer ses humeurs intestinales constituait pour moi une véritable source de fascination. Et vas-y que je te mange deux burgers, une glace, de la saucisse et du café tranquilou pipou, sans souci. Jamais, absolument jamais, je n’ai surpris l’un de mes ex avoir un moment de détente gazeux. Jamais un bruit aux waters, jamais 36 minutes enfermés dans cette boite à chaussures de l’enfer. Jamais. A croire que ce sont eux, finalement, les vraies princesses. En attendant, je ne dirais pas non à un peu de leur magie…

Love,

Une fille perchée